Hydro-Québec

Une hausse de 2,9 %… et d’autres à venir

Hydro-Québec pourra augmenter ses tarifs de 2,9 % à compter du 1er avril prochain et obtient le feu vert de la Régie de l’énergie pour répartir sur les cinq prochaines années les coûts élevés des achats d’électricité de l’hiver extrêmement froid de l’an dernier.

Cela revient à des hausses de tarifs en banque jusqu’en 2020, a commenté hier l’analyste en énergie de l’Union des consommateurs, Marc-Olivier Moisan-Plante.

Les Québécois devront encaisser une troisième augmentation consécutive du prix de l’électricité supérieure à l’inflation. Mais ça aurait pu être bien pire.

Hydro réclamait une augmentation de 3,9 % de ses tarifs, et le report sur cinq ans du coût de l’électricité achetée en janvier et février 2014, augmenté d’un taux d’intérêt de 7,1 %.

La Régie a modéré les ardeurs de la société d’État, en ramenant la hausse à 2,9 % et en acceptant le report sur cinq ans, mais au taux d’intérêt plus raisonnable de 2,7 %.

Résultat : la facture moyenne des clients résidentiels augmentera de 45 $ par année. Pour un logement de cinq pièces et demie, la hausse moyenne sera de 18 $ et pour un bungalow, de 66 $, selon le calcul d’Hydro.

Il s’agit de prévisions de factures à températures normales, souligne le porte-parole de l’Union des consommateurs. Ce sera plus élevé si l’hiver est très froid, comme ça a été le cas l’an dernier et cette année.

Hydro-Québec a enregistré en 2014 des profits record de 3,4 milliards, en grande partie à cause des mois très froids de l’hiver dernier et des kilowattheures supplémentaires vendus à sa division Distribution.

Cette obligation réglementaire qui fait que la division Distribution fait payer à ses clients les achats qu’elle réalise auprès d’Hydro-Québec Production en période de grands froids à des prix très élevés est indécente, estime l’Union des consommateurs.

« Ce n’est pas en taxant à l’excès un service essentiel comme l’électricité que le gouvernement devrait chercher à équilibrer ses finances. »

— L’Union des consommateurs

Le coût de l’électricité est devenu inabordable pour de plus en plus de Québécois, déplore l’organisme. Plus de 70 000 ménages québécois ont été débranchés pour défaut de paiement après la dernière hausse, le 1er avril 2014. C’est un record de tous les temps.

SOULAGEMENT

Les consommateurs industriels d’électricité, qui faisaient face à une augmentation de 7,3 % si la Régie n’avait pas accepté le report sur cinq ans des achats d’électricité, sont soulagés. « Il fallait éviter le choc tarifaire », a commenté hier Luc Boulanger, le porte-parole des plus importants clients d’Hydro-Québec, comme les alumineries.

L’augmentation est limitée à 2,5 % pour les gros consommateurs industriels, parce que l’indexation du bloc patrimonial, qui explique une partie de la hausse accordée par la Régie, ne s’applique pas au tarif L (tarif de grande puissance), à la demande du gouvernement.

Les PME se disent soulagées elles aussi, mais également inquiètes pour l’avenir, parce qu’Hydro-Québec continue d’acheter à prix élevé de l’énergie éolienne. Le gouvernement du Québec a aussi fait main basse sur les profits réalisés par Hydro-Québec Distribution qui dépassent le rendement autorisé par la Régie de l’énergie, alors que ces excédents devaient servir à diminuer les hausses de tarifs, a déploré Martine Hébert, porte-parole de la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante.

Les propriétaires immobiliers membres de la Corpiq, de leur côté, se demandent pourquoi Hydro-Québec peut obtenir des augmentations supérieures à l’inflation alors que les hausses de loyer sont maintenues à des taux inférieurs au coût de la vie.

LA HAUSSE EXPLIQUÉE

Croissance des coûts 0,4 %

Hausse du prix de l’électricité patrimoniale 0,4 %

Coûts des achats d’énergie éolienne 2,1 %

Total 2,9 %

LES DERNIÈRES HAUSSES DES TARIFS D’ÉLECTRICITÉ

2008 : 2,9 %

2009 : 1,20 %

2010 : 0,40 %

2011 : -0,40 %

2012 : -0,45 %

2013 : 2,4 %

2014 : 4,3 %

2015 : 2,9 %

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